Un choix très contestable
Non au projet actuel
Qui pérennise l’incinération, très fortement émettrice de gaz à effet de serre et de divers autres polluants comme la dioxine ou le mercure et surtout qui empêche tout programme de réduction de la production de déchets.
La population doit être entendue
Habitants et associations ont émis d’autres propositions pour rendre plus éco-compatible ce projet : le Syctom doit les écouter et les prendre en considération.
Compte tenu de l’ampleur financière du projet, le SYCTOM (syndicat intercommunal qui gère les déchets du cœur de l’agglomération francilienne) s’est vu contraint de lancer une consultation sur la reconstruction du centre d’Ivry. Le projet consiste à reconstruire l’incinérateur en diminuant sa capacité, mais en élargissant sa zone de collecte, et à implanter une usine de méthanisation pour les déchets organiques. Le coût global envisagé pour l’ensemble de l’opération approchera le milliard d’euros compte tenu des dérives constatées pour des projets similaires.
Les Verts de Paris, d’Ivry, Charenton, Vincennes et Saint-Mandé contestent le choix retenu sous sa forme actuelle.
1 La réduction de la production des déchets n’est pas mise au premier rang des priorités. Le meilleur déchet est celui qui n’est pas produit. Un plan de réduction des déchets existe officiellement, mais le SYCTOM n’investit quasiment rien au plan financier pour mettre en œuvre une réelle politique de réduction des déchets, malgré la directive européenne qui va dans ce sens.
2 Le tri des déchets n’est pas promu comme il devrait l’être. Seconde priorité de l’Union européenne, le tri doit être encouragé notamment par des actions de communication de proximité et un élargissement des matières triées ou par l’ouverture de nouvelles filières de tri. Le SYCTOM ne consacre qu’une part très modeste de ses ressources à cette action de soutien. Or seule une petite partie des déchets recyclables est réellement recyclée, le plus gros étant incinéré, faute d’être collecté de façon séparative.
3 Les entreprises du secteur tertiaire ne sont pas encouragées à trier leurs déchets. Si les communes ont la responsabilité de collecter les déchets des ménages, elles n’interviennent quasiment pas pour les entreprises qui sont libres de traiter leurs déchets comme elles l’entendent. Le SYCTOM a la capacité de peser pour faire évoluer cette réglementation archaïque et faire en sorte que les centaines de milliers de tonnes de papier produites par les entreprises ne soient ni incinérées ni enfouies mais recyclées. Cela représente près du tiers des déchets produits à Paris.
4 L’absence de collecte spécifique des bio-déchets va diminuer la qualité du compost produit et freinera son utilisation agricole. Le procédé envisagé consiste à trier les ordures collectées pour en extraire les déchets alimentaires (ou les papiers souillés). Or, ce genre de tri (automatique) laisse inévitablement passer des impuretés qui souillent le compost et le rendent peu attractif pour les agriculteurs qui exigent à juste titre un compost garanti exempt de plastique ou autre déchet (traces de métaux et de polluants toxiques). Ce compost risque donc d’être finalement incinéré. La bonne solution serait de collecter séparément les déchets de la restauration collective : crèches, écoles, lycées, hôpitaux, établissements pour personnes âgées, entreprises… et les déchets des cafés et restaurants.
5 La capacité de l’incinérateur est surdimensionnée A ce jour, le SYCTOM envisage un ou deux fours de très haute capacité conçus pour incinérer 350 000 tonnes par an. Un four est construit pour 40 à 50 ans. Comme les investissements sont considérables, il faut impérativement que le four fonctionne le plus longtemps possible pour qu’il soit rentable. En ayant de tels fours, le SYCTOM empêcherait toutes les politiques de réduction à la source, d’amélioration du tri et d’accroissement de la méthanisation. De fait cela implique d’avoir pendant 40 ans au moins ce tonnage d’ordures à incinérer. Pourtant les objectifs nationaux définis par le Grenelle prévoient une diminution des déchets grâce à une réglementation en évolution. Mais les tenants de l’incinération à tout prix ne veulent même pas étudier la possibilité de construire plusieurs fours de plus faible capacité (3 ou 4 fours au moins) qui pourraient s’adapter à une réduction future de l’incinération des déchets.
6 Les mensonges ou omissions Il est affirmé que sans l’incinération il serait impossible de chauffer les immeubles alimentés par le chauffage urbain qui utilise la vapeur produite par les incinérateurs. Il existe pourtant d’autres possibilités grâce à la cogénération et surtout grâce à la géothermie dans laquelle la CPCU investit de façon importante. La construction d’autres centres de tri des déchets n’est pas prise en compte. Or rien que sur Paris il est prévu la construction de trois nouveaux centres, réduisant ainsi les besoins d’incinération. Le risque est sérieux que ces projets soient partiellement abandonnés pour pouvoir alimenter l’incinérateur d’Ivry !
Ce projet est insatisfaisant, car le SYCTOM reste sur sa politique ancienne de privilégier l’incinération sur les autres formes de traitement. Or, nous considérons que l’incinération ne doit intervenir qu’en dernier ressort, quand toutes les autres formes de traitement ont été utilisées au titre de la directive européenne.
Nous demandons aux élu-es du SYCTOM de prendre en considération les nombreuses remarques formulées lors du débat public et de donner une orientation différente et positive à ce projet.