Vertu du vert à la cantine

Article paru dans Libération
Par Natalie Gandais, responsable du groupe de travail sur l’alimentation d’Europe Ecologie Les Verts, et Jacques Boutault, Maire (Europe Ecologie Les Verts) du IIe arrondissement de Paris

La crise alimentaire mondiale s’aggrave, l’Union européenne débat de la politique agricole commune et, en France, le Défenseur des droits enquête sur les cantines scolaires. Europe Ecologie-les Verts rappelle ses priorités pour la restauration collective : améliorer la qualité des repas par le passage au bio, généraliser l’accès aux repas végétariens et lutter contre le gaspillage alimentaire.

A cause des modes de culture et d’élevage,· du transport, de la conservation, de la transformation, de l’emballage des aliments, le système alimentaire mondial émet à lui seul la moitié des gaz à effet de serre. Pour améliorer la qualité des repas tout en luttant contre le changement climatique, la restauration scolaire devrait utiliser plus souvent des aliments issus de l’agriculture biologique, des produits frais, de saison et produits localement. Nous invitons les collectivités responsables de la restauration scolaire à contribuer à l’organisation des filières alimentaires locales, ainsi qu’à l’éducation des enfants et à l’information des parents en matière d’alimentation. La crise climatique, l’utilisation des terres pour l’urbanisation, les agro-carburants et la nourriture pour bétail provoquent une envolée des prix alimentaires sur le marché mondial, attisée par la spéculation. La crise alimentaire ne frappe pas seulement les pays pauvres mais aussi les Français. On ne la réduira qu’en modifiant nos habitudes alimentaires et en diminuant notre consommation de produits animaux (viande, poisson, oeufs, produits laitiers) au profit des protéines végétales. Dans ce but, nous demandons l’abrogation du décret et de l’arrêté du 30 septembre 2011 qui favorisent l’emploi de produits animaux en restauration scolaire, et que de nouvelles directives soient prises pour généraliser l’offre d’alternatives végétariennes : les plats protidiques végétariens sont moins coûteux, ne font pas l’objet d’interdits religieux et sont une réponse équilibrée sur le plan nutritionnel pour les enfants qui ne mangent pas de viande à la cantine.

La crise alimentaire est aussi une crise sanitaire : diabète, obésité, maladies cardio-vasculaires, cancers sont dus aux effets néfastes d’aliments trop gras, trop sucrés, trop salés, contaminés par les résidus chimiques de l’agriculture intensive et les additifs de l’industrie agroalimentaire. Les dépenses de santé liées au traitement du diabète d’origine alimentaire sont équivalentes au «trou de la Sécu».

Les aliments transformés que les ménages modestes obtiennent à bas prix dans les grandes surfaces contribuent à cet état de fait.

Nous souhaitons que les collectivités s’engagent à limiter l’usage des produits transformés de l’agroalimentaire et à maintenir des tarifs de repas accessibles, la lutte contre le gaspillage alimentaire devrait devenir une priorité nationale.

Gaspiller moins pour manger mieux, voilà quel devrait être l’objectif du gouvernement pour la restauration scolaire.

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