EELV Ivry-sur-Seine présentait ses voeux aux ivryennes et ivryens jeudi 15 janvier. Retrouvez ci-dessous le discours de Chantal Duchène, co-secrétaire du groupe local d’EELV Ivry.
« Merci à toutes et à tous d’être présents ce soir pour ce moment convivial de début d’année.
Bien sûr, les attentats de la semaine dernière sont dans toutes nos mémoires et nous n’avons guère envie de faire la fête. Mais, dans ces moments difficiles, c’est encore plus important de se retrouver pour voir ce qui nous unit plutôt que ce qui nous sépare. Aussi, merci aux représentantes et représentants des associations qui, chaque jour, aident à tisser du lien social dans notre ville, à développer la solidarité et à améliorer notre cadre de vie, d’être avec nous ce soir. Merci à nos camarades des autres organisations politiques qui nous font l’amitié d’avoir répondu à notre invitation. Merci enfin à vous toutes et tous que vous soyez sympathisants ou adhérents d’EELV d’être là ce soir.
La plupart d’entre nous étaient présents samedi à la mairie et dimanche de la République à la Nation pour à la fois rendre hommage aux 17 victimes des attentats et réaffirmer notre attachement aux valeurs du socle républicain : la liberté, l’égalité, la fraternité.
C’est la démocratie que le peuple français a réhabilitée en marchant d’un seul pas le week-end dernier. L’enjeu maintenant est de prolonger ce sursaut citoyen, de le concrétiser par des actes, de le faire vivre sans le travestir.
Et maintenant que faire ?
Notre pays connaît une grave crise morale, qui a amené le Front national en tête des dernières élections européennes, alors qu’un nombre toujours plus important de nos concitoyennes et concitoyens ne se déplacent même plus pour voter, y compris aux élections municipales, car ils ne croient plus à la politique, qui est pourtant la gestion collective du vivre ensemble.
Trop de nos concitoyens n’ont plus d’espoir, notamment dans les quartiers populaires. Dix ans après les émeutes dans les quartiers populaires, qui avaient suivi la mort de Ziad et Bouna, ces 2 adolescents de Clichy sous Bois, la pauvreté, l’isolement et l’enclavement demeurent. Ici, à Ivry, alors que notre ville est marquée par la mixité sociale, plus de 30 % des élèves fuient les collèges de notre ville, leurs familles préférant l’entre soi à la diversité qui fait pourtant notre richesse. Face à cette situation, il est de notre devoir d’offrir des perspectives d’avenir aux jeunes, à tous les jeunes, pour qu’ils aient envie d’être citoyens à part entière de notre ville et de notre pays.
Cela passe aussi par une réhabilitation de la représentation politique. Les banlieusards, les ouvriers, les employés, les femmes, les jeunes et la diversité des origines sont beaucoup trop peu représentés dans les institutions. La proportionnelle, le non-cumul des mandats, y compris dans le temps, et le statut de l’élu permettant de sortir des logiques de carrière doivent être mis en place pour que cela change.
Il est également temps d’accorder le droit de vote aux étrangers aux élections locales afin qu’ils se sentent totalement partie prenante de la vie démocratique dans nos villes dans lesquelles ils vivent, travaillent, militent, paient des impôts et des charges sociales.
La lutte contre le terrorisme va occuper tous les esprits. Certes, il faut renforcer la sécurité et nous y veillerons à Ivry avec notre adjointe à la tranquillité publique, Sabrina Sebaihi. Mais, au-delà, les écologistes préconisent le même remède que celui avancé par les responsables politiques norvégiens après le drame d’Utoya : « plus de générosité, plus de tolérance, plus de démocratie ».
Et nous serons très attentifs au maintien des libertés publiques, en refusant les procédures d’exception, et le toujours-plus sécuritaire, cela d’autant plus que l’arsenal judiciaire est déjà plus que suffisant, à condition qu’il soit mis en œuvre, et que la police et la justice disposent des moyens en conséquence.
Pour combattre le terrorisme, nous devons combattre la désespérance et ses causes sociales. Mieux s’occuper des jeunes produira de meilleurs résultats que de fermer les frontières ou d’en inventer de nouvelles.
A cet égard, le rôle joué par le salarié de l’épicerie cacher, Lassana Bathily, qui vient d’obtenir la nationalité française, ce dont nous nous réjouissons, illustre une nouvelle fois le rôle positif de l’immigration, montrée du doigt trop souvent alors qu’elle est une chance pour la France. A la fermeture des frontières, nous, écologistes, préférons le droit d’asile et la régularisation des sans papiers et une véritable politique d’intégration, un véritable accès aux formations et au travail.
Nous devons aider à la redéfinition de la manière de faire société, retrouver un esprit similaire à celui du conseil de la résistance, quand ont été mis en place les grands systèmes de solidarité aujourd’hui remis en cause.
Nous devons également redéfinir un nouveau pacte social avec les religions. Ces dernières ne vivront pas de manière apaisée en France si on ne leur laisse pas suffisamment d’espaces de respiration tout en respectant la laïcité. Il faut ainsi garantir la possibilité d’exercer sa foi en toute liberté et en toute sécurité partout en France.
Je tiens à le dire ici avec force, les musulmans n’ont pas à s’excuser. Ils n’ont rien à voir avec les terroristes. À l’heure où les actes de violence contre les musulmans se multiplient, les mosquées doivent être protégées, comme les synagogues. Nous en avons fait la demande à Ivry dès la semaine dernière.
A Ivry, nous avons beaucoup de dossiers sur la table qui, en 2015, comme en 2014, mobiliseront toute notre énergie, qu’il s’agisse de l’usine d’incinération Ivry-Paris 13 du SYCTOM, d’Ivry Confluences, de Jeanne hachette, de la reconstruction de Gagarine, du devenir des Roms, tout cela dans un contexte budgétaire très difficile du fait de la diminution des dotations de l’Etat aux collectivités locales. Et, bien évidemment, nous serons aussi très mobilisés pour la COP21 qui aura lieu en fin d’année à Paris. Elle doit être l’occasion de poser la question de l’engagement des citoyens autour de questions aussi importantes que le réchauffement climatique.
Quelles que soient les critiques qui pourraient nous être faites, nous ne choisirons pas entre ces deux ordres de priorité. La lutte contre le réchauffement climatique est pour nous aussi importante que les questions sociales et politiques d’intérêt local énoncées précédemment et auxquelles nous pouvons ajouter, en ce qui nous concerne, la politique de réduction des déchets, la lutte contre le gaspillage alimentaire et, en fin de compte, le droit de chaque Ivryenne et chaque Ivryen de bénéficier d’un cadre de vie civilisé.
Nous avons aussi l’échéance des élections départementales en mars et des élections régionales en décembre. Devant le risque important de perdre le département et la région, et donc le contenu des politiques publiques qui y sont menées, nous espérons encore que les forces de gauche et écologiste sauront se rassembler pour préserver ce qui nous unit.
Malgré tous ces sujets graves, je vous propose de profiter de ce moment de convivialité pour y puiser l’énergie qu’il nous faudra à toutes et tous pour faire avancer en 2015 les causes qui nous sont chères. Maintenant, il est temps de lever le verre de l’amitié ».